samedi 22 janvier 2011

2011-01-22 Bwindi

Aussitôt ma douche prise, je quittais pour visiter les environs. A pied, j'ai descendu la piste qui relie Bwindi a Buhoma dans l'espoir de pouvoir y trouver un endroit ou envoyer un courriel. Bien malheureusement, la seule option était l'Internet qui est disponible de 14h00 a 18h00. Tant pis. J'ai profité de l'occasion pour me promener autour de l'hopital communautaire. Plusieurs panneaux informatifs expliquent le fonctionnement de l'établissement, financé a 98% par des fonds privés. On y explique l'effort mis sur le traitement, curatif et préventif, des personnes porteuses du VIH. L'Ouganda détenait le triste record d'etre un des pays les plus affectés par cette maladie. Il y a une quinzaine d'année, la région de Bwindi comptait jusqu'à 23% de personnes infectées (oui, 23%!). Aujourd'hui, ils sont rendus en dessous de 4%. Félicitations! Une des raisons est le taux de fécondité particulierement élevé (le plus haut d'Afrique avec une moyenne de 7 enfants par femme). Vous comprendrez donc aisément l'énergie dépensée par les ONG a implanter un programme serré de planification des naissances... Aujourd'hui, 25% de la populationa  moins de 25%. Une courbe des naissances a faire rever n'importe quel pays occidental...


Dans la soirée, apres avoir rédigé quelques pages, j'ai jeté un oeil a mon itinéraire des prochains jours. J'avais questionné le chauffeur du pick-up sur les distances et les temps de route entre Bwindi et le parc national Queen Elizabeth. Les 2 heures annoncées me permettaient d'envisager d'aller y passer 24h. La date de retour approchant, une autre option était de prendre le bus a Buhoma (a 30 minutes de boda-boda en sens inverse) pour rejoindre Kampala (4 a 6 heures de route) et ainsi passer mes derniers jours a Jinja pour profiter de la chaleur, du lac Victoria, et ne plus avoir a passer des journées dans les transports. Je connaissais mes options. Il ne me restait plus qu'a me décider!

Bwindi. Quel nom exotique. C'est ici que l'on vient observer les gorilles des montagnes d'Ouganda. Mais Bwindi, c'est aussi et surtout une foret primaire. Un de ces sanctuaires de la nature comme il en reste de moins en moins sur notre petite planete bleue. Une foret primaire, c'est une foret qui n'a subi aucune altértion depuis des millénaires. Sa faune et sa flore sont demeurées intactes. Souvent grace a leur éloignement de toute civilisation, a leur localisation dans une région du monde non soumise au tourisme de masse ou bien par des mécanismes de protection rigoureux comme la classification en parc national ou la reconnaissance comme patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. La foret de Bwindi est demeurée intacte grace a un heureux mélange de toutes ces raisons.

La nuit portant conseil, je décidais de repartir le soir meme pour rejoindre Kampala. Sinon, j'aurais passé mes 5 derniers jours dans les transports sans vraiment profiter d'acune de mes étapes. Apres ces derniers jours sur la trotte, j'avais besoin de me poser. De préférence proche de mon lieu de retour a la maison, a savoir Kampala, la capitale ougandaise.

Je suis donc allé me checher de l'eau et quelques biscuits avant de rejoindre l'entrée du parc national de Bwindi a quelques metres de la. Inscription rapide. Je choisissais une marche en foret pour aller voir des chutes d'eau. Entrée du parc: 40$. Visite de 4 heures avec un guide: 10$. Marcher dans une foret primaire: ça n'a pas de prix. Ou presque, parce que 50$ pour 4 heures de marche, j'ai trouvé ça un peu cher...

Le guide était tres avenant et parlait un excellent anglais. Un homme en arme nous accompagna. «Pour nous protéger si un gorille venait a sortir de la foret». Tiens, la meme raison qu'au Rwanda. Mais également la meme position stratégique sur une frontiere a l'équilibre précaire avec le Congo...


La marche fut tres agréable, remontant le long d'un cours d'eau qui nous mena jusqu'à de belles chutes. On annonçait 33 metres de haut (ce qui commence a faire des chutes plutot impressionnantes). Mais enn arrivant au pied desdites chutes, je me suis dit que les hauteurs étaient ici a l'image des temps de routes annoncés. A savoir tres approximatifs. Les chutes n'avaient pas 20 metres de haut, ce qui me déçut quelquepeu. Mais ce n'était pas grave. L'essentiel était d'etre la, dans cet environnement incroyablement luxuriant, et de profiter chaque instant de cet air si pur qui tranchait avec les odeurs de diesel qui avaient rempli mes derniers jours.



Sur le chemin du retour, le soleil était rendu haut dans le ciel. La température devenait plus confortable et le niveau d'humidité avait grandement baissé. Avec ces conditions favorables, des centaines de papillons multicolores étaient sortis de leur léthargie nocturne pour butiner de façon gracieuse de fleur en fleur, de branche en branche. Il régnait comme un air de printemps!




 De retour au village en début d'apres-midi, je suis allé manger local, comme d'habitude. Dans un «restaurant» (une piece d'une maison familiale qui faisait office de restaurant), on m'a servi une platrée gargantuesque de bananes plantin, de patates douces et de satza (semoule de mais comme la satza au Zimbabwe), un avocat excellent et un bol d'une mixture étonnamment délicieuse de choux, oignon, tomate et cacahuetes. Le tout pour moins d'1$. Vous avez dit local?


Apres avoir récupéré mes affaires a la guesthouse, j'ai enfourché un boda-boda pour rejoinde Butogota. 20 kilos sur le dos. 10 kilometres de piste défoncée. Et 30 minutes a me cramponner tant bien que mal pour ne pas me retrouver les 4 fers en l'air dans la poussiere!

A Butogota, on m'a proposé une des chambres les moins cheres que je n'ai jamais payé. Environ 2$. Pas de douche. Toilette (c'est a dire trou dans la dalle de béton qui surplombe la fosse septique) au fond du terrain. Mais pour dormir quelques heures, pas besoin de plus! Dans ce village minuscule, rien a faire si ce n'est marcher et contempler la vie locale. Ou plutot le calme local. Le soleil était haut dans le ciel et les activités étaient suspendues le temps de la sieste. J'ai pris mon billet de bus: départ a 4h00 du matin: encore une courte nuit en vue! J'ai tout de meme demandé confirmation de la durée du voyage. «A quelle heure doit-on arriver a Kampala?». La réponse était imprécise. «Vers 14h00, 15h00». Ça faisait pas mal plus que les 4 a 6 heures que m'avait annoncé la veille le chauffeur du pick-up!

Le long de la piste qui traverse le village, sur des grands plastiques étendus a terre en avant des maisons, on faisait sécher du sorgot, du mais, des cacahuetes. Devant mon intérêt a contempler les pratiques locales, un homme me proposa de venir voir chez lui ce qu'il en était. Je prends! Nous avons contourné une maison et nous sommes retrouvés dans une sorte de «cour intérieure», entourée d'une petite maison de briques, une autre dont la construction était visiblement arretée depuis bien longtemps, et 2 maisons faites de bois recouvert de boue (construction tres répandue dans cette région de l'Afrique) avec un toit de chaume. Au milieu, une sorte d'étagere faite de branches sert de rangement a quelques ustensiles de cuisine. Particulierement spartiate. Nous avons discuté un bon moment au milieu des canards qui se promenaient. Un homme plus agé sortit de la premiere maison: son pere. Mon hote est enseignant au primaire. Mais entretient également plusieurs activités comme la culture de certains produits et l'élevage de poules. Tres fier, il m'a fait faire le tour du propriétaire. En arriere de la maison, au milieu du terrain, un tyuau sortait de terre. C'est l'eau qu'ils avaient fait installer jusqu'à chez eux (un luxe en quelques sortes car il y a généralement une sortie d'eau a partager entre plusieurs maisons). Dans une grande cabane en bois, un cochon qu'il éleve pour vendre plus tard. En dessous, des dizaines de poules. En arriere, sur le terrain, des bananiers au milieu desquels poussent des papayers, des pommes de terre, des piments (pas des poivrons mais des piment banane!) et nombre d'autres légumes. Un homme encore plus agé, les cheveux courts et blancs, arriva en s'aidant de ses béquilles: c'était le grand-pere, 82 ans. Il était tres «allumé» et particulierement curieux, avec ses questions tout aussi précises que pertinentes. Nous avons parlé de différences culturelles, de l'évolution contemporaine de nos sociétés respectives, de ressemblance aussi. Il semblait apprécier qu'un «muzungu» s'intéresse a leur vie simple et démunie. Cette rencontre dura une bonne heure. Une heure de gentillesse et de pur plaisir.

La soleil s'était couché en arriere des plantations de thé. J'ai repris a pied le chemin menant au centre du village, en affrontant les nuages de poussiere provoqués par les 4x4 des touristes qui passaient a toute vitesse pour rejoindre la Buhoma et la foret de Bwini. Ici, A Butogota, on ne voit des «blancs» que leur visage qui file derriere les vitres teintées d'un véhicule.

Apres avoir traversé tout le village, j'ai finalement trouvé un endroit qui avait l'électricité et un frigo: j'allais enfin pouvoir me rafraichir (par habitude liée aumanque d'électricité, les gens boivent ici la biere et le coca-cola chauds... ce dont je suis absolument incapable!). Je me suis assis dehors dans la pénombre. J'ai pris une assiette de frite et quelques brochettes cuites sur les braseros, par terre, et j'ai contemplé autour de moi. Cabrel aurait appelé ça un samedi soir sur la terre. Pour moi c'était un samedi soir a Butogota. Ceux qui avaient un peu d'argent s'ennivraient a coup de grands verres d'alcool de banane. Pour les autres, conséquemment sobres, c'était le défilé dans la rue. A regarder. Sans rien pouvoir s'offrir. Un jeune s'assit a coté de moi. Il travaillait dans la construction. A cette heure-ci, il était plutot rendu dans l'auto-destruction. Il était toutefois cohérent et fort gentil. Tout a coup, l'électricité disparut. Le noir total. Seuls le rouge des braseros et le orange des poeles qu'ils chauffaient transperçaient la nuit. Rapidemen, des lampes de poches prirent le relais, créant ainsi une sorte de danse lumineuse anarchique.  Apres avoir fini ma biere et mon assiette, je reprenais dans la nuit le chemin de mon de cette petite piece sale qui allait, l'espace de quelques heures, me servir de chambre.

jeudi 20 janvier 2011

2011-01-20 Rwanda-Ouganda

L'autobus s'est élancé sous une pluie torentielle. Qui ne dura pas longtemps. Aussitôt avions nous quitté Gisenyi, les gouttes cesserent de tomber et la chaussée s'assécha. Cool, car il pleuvait presque autant a l'intérieur qu'a l'extérieur...

Apres environ 2 heures de route, nous avions atteint la frontiere avec l'Ouganda. En arriere de nous, un autre autobus s'appretait a passer la frontiere. Le chauffeur nous demanda alors de courir jusqu'au bureau de l'immigration pour éviter que les passagers de l'autre véhicule ne passent avant nous, nous permettant ainsi de repartir plus vite. Alors nous avons courru. Tout comme les autres passagers. Drole de situation que d'avoir 2 autobus s'arretent a un poste frontiere au milieu de la brousse et de voir leurs passagers se ruer en courrant vers un petit bureau...

Le tampon de sorti obtenu, j'ai traversé a pieds vers l'immigration ougandaise. On nous dirigea vers ce qui ressemblait plus a un atelier de mécanique qu'un bureau. C'était le contrôle de police. Puis je suis retourné au bureau de l'immigration ougandaise ou l'obtention fut d'uns simplicité déconcertante pour un cout de 50$. Notre bus était la et attendait que tous les passagers soient passés par toutes les étapes du processus. Un homme en uniforme demanda a ce que les soutes soient ouvertes. Il en fit le tour. Puis demanda qu'elles soient vidées de tout leur contenu. Le préposé aux billets a alors aligné tous les sacs et a demandé a ce que nous les ouvrions. La fouille devenait alors inévitable. Comme de fait, l'un apres l'autre, nous nous sommes exécutés en monrant au douanier ce que contenaient nos bagages. Dans un sac, j'avais quelques souvenirs achetés au Rwanda. Le douanier les mit de coté et me regarda en me lançant «ces produits sont taxables». Ben oui, tu vas me taxer des souvenirs qui vont sortir du pays dans une semaine, voyons donc... Je lui ai alors soumis ce point. Il n'a pas réagit. Je m'imaginais déjà négociant le montant de taxes a payer dans un interminbale marchandage au fond d'un petit bureau miteux. Il a fait le tour de mon sac a dos. Apres un timide «OK» de sa part, j'ai refermé mon sac, l'ai lancé dans la soute du bus, puis ai tranquillement repris mon sac de souvenir avant de reprendre ma place dans le bus. 10 minutes plus tard, nous nous élancions sur la piste ougandaise. Ouf...

Si du coté rwandais la route menant a la frontiere est dans un état irréprochable, il en est tout autre du coté ougandais. Immédiatement, nous empruntions une piste défoncée (une de plus!) sur laquelle le chauffeur s'en donnait a coeur-joie!

Dans ma tete, un doute survint quant a mon itinéraire. Dans le bus, je consultais mon guide (la «bible» de l'«autre») sur les moyens de me rendre jusqu'à la foret de Bwini ou je prévoyais aller faire un tour. La partie n'était pas gagnée, aucun moyen de transport ne s'y rendant directement. A priori, la maniere la plus simple semblait etre de passer par Kabale (a 2 heures d'ici sur la route de Kampala), mais la carte semblait indiquer la possibilité de s'y rendre depuis Kisoro ou j'avais planifié de passer la nuit. Mon doute demeurait dans le fait que le bus dans lequel j'étais assis passait par Kabale, et qu'il serait simple de «rallonger» mon trajet pour m'y rendre imédiatement. Mais un mélange douteux d'écoeurement des transports et de confiance a toujours trouver une solution a toute problématique me fit opter pour ma pemiere décision.

Environ une heure plus tard, nous nous arretions a Kisoro. Une sorte de Benako (Tanzanie), mais en plus développé. Une rue principale ou les bus et les camions a destination ou en provenance de la frontiere se succedent dans le vacarme de leurs klaxons et la puanteur de leur moteur fumant. J'ai trouvé rapidement une hambre peu chere, j'y ai jeté mon sac et me suis affalé sur la terrasse avec une bonne «Nile Speciale» bien fraiche pour regarder la vie grouillante autour de moi.

Je n'ai pas quitté cette terrasse pendant des heures. Dans ma tete, l'incessant vacarme causé par le doute d'avoir pris la mauvaise décision de m'arreter la. Un homme engagea la conversation. Profitant de l'occasion, je le questionnais sur la meilleure maniere de rejoindre la foret de Bwindi. «Vous pouvez prendre un chauffeur et vous faire conduire directement par la piste (3 heures de piste, je n'ose meme pas imaginer le prix de la course!) ou bien rejoindre Kabale (je le savais... j'aurais donc du!) avec le bus de 6h00, puis prendre un pick-up qui remonte vers Kihihi a 8h00 précises; 11 kilometres avant Kihihi, vous descendez et prenez un boda-boda (moto-taxi) pour couvrir les 20 derniers kilometres jusqu'à la foret de Bwindi». Wow, tout un itinéraire. Une belle et longue journée en perspective! J'ai donc mis mon réveil a 5h15 pour etre parmi les premiers et ainsi éviter de me retrouver une fois de plus sur la derniere rangée.

A 4h30, un bruit abominable me réveilla malgré mes bouchons d'oreilles. Un bruit de klaxon d'autobus. Qui ne cessait de hurler. Stridant comme aucun autre. A 4h30 du matin! «Voyons, c'est pas possible, il va pas arreter celui-la? Y'a des gens qui dorment ici». Il va sans dire que je n'ai pas eu besoin d'attendre que mon réveil sonne pour etre debout. Un bonne douche plus tard, j'étais rendu sur le pas de la porte de l'hotel. 2 autobus étaient staionnés le long de la route, tous phares allumés. Je m'étais juré de ne pas prendre celui qui hurlait a la mort depuis plus d'une heure. Mais c'était celui que je devais prendre... J'ai acheté mon billet et des 5h30, je me suis rapidement assis en avant afin d'avoir une place de choix. Un jeune était assis a la place du conducteur. Il appuyait frénétiquement sur le klaxon qui crachait des décibels a vous crever les tympans. C'etait donc lui le coupable! En meme temps, il donnait de grands coup d'accélérateur qui faisaient sortir du pot d'échappement d'immenses voluptes grises. L'odeur de diesel était nauséabonde. 5h45. 6h00. 6h15. Toujours pas partis. En demandant dans combien de temps nous partions, on m'indiqua 7h00. «7h00? Et mon pick-up de 8h00 alors? - Pas de probleme, il en part en permanence vers Kihihi». Un peu rassuré, je me suis permis d'aller boire un thé en prenant bien soin de laisser de affaires sur mon siege, un peu comme pour marquer mon territoire!


A 7h00, le vrai chauffeur prit place et nous nous élancions. Le jour pointait a peine. Le soleil annonçait sa sortie toute proche d'en arriere des montagnes en projetant dans le ciel de magnifiques rayons de lumiere. L'environnement était une succession de montagnes aux pentes raides et de vallées encaissées encore remplies de brume. La piste serpentait ainsi de col en col. Puis le soleil fit son apparition. Le paysage était époustoufflant (je n'utilise pas souvent ce qualificatif fort, mais la, j'étais «bluffé» par la beauté de l'endroit. Certainement une des 10 plus belles places jamais vues dans mes voyages. Le trajet me rappelait la route Batad-Bontoc aux Philippines. Grandiose. J'ai beaucoup regretté de ne pas avoir pensé a me mettre a coté d'une fenetre, ce qui m'aurait permis de superbes photos... Finalement, je mes yeux n'auraient jamais eu cette opportunité si j'avais fait cette route de nuit!

Apres 1h30 a me délecter de tant de beauté, nous sommes arrivés a Kabale. On m'a déposé sur le bord de la rue principale et j'ai rejoint a pied le stationnement de départ des pick-ups. On m'annonça un départ pour 9h00. Parfait, juste le temps d'aller avaler quelquechose dans le «boui-boui» du coin.

A 9h00 précises, on avait attaché solidement mon sac a dos et d'autre articles sur l'extérieur du pick-up (pourquoi pas a l'intérieur?) et j'avais pris place dans la boite, en arriere. 6 autres personnes avaient fait de meme. Vers 9h15, nous avons fait un tour rapide vers un magasin ou on a mis dans la boite de grosses caisses en métal (moins de place pour les passagers, mais ça devrait aller). Puis nous sommes revenus sur le stationnement. Et nous avons attendu. Attendu. Et attendu encore. En plein soleil. Soudain, on s'agita autour du pick-up. On amena des sacs de pommes de terre qu'on déposa au fond de la boite. D'autres personnes monterent égalemetn dans la boite du véhicule. Puis des enfants. Et encore d'autres adultes. Et encore d'autres enfants. Nous étions alors entassés comme des sardines. Dans une boite d'anchois! Nous étions tassés les uns sur les autres. C'était vraiment particulier. Et nous avions 5 heures de piste a faire en avant de nous. On était pas rendus! Lorsque le véhicule s'est ébranlé, nous avions a bord 15 adultes, une dizaine d'enfants (de 6 mois a 12 ans) et pas mal de sacs de pommes de terre. Assis sur le rebord de la boite, les pieds encastrés entre 2 personnes, je me tenais tant bien que mal pour ne pas tomber en arriere et me retrouver sur la route.


Apres 10 minutes, nous nous arretions sur le coté de la route. On nous a fait descendre et on a chargé des sacs et des sacs de pommes de terre. Et nous, on va faire comment pour rentrer maintenant? Nous sommes remontés en nous imbriquant comme des légos et avons repris la route... pour nous arreter un peu plus loin. Encore des sacs de pommes de terre et des paquets de feuilles de tabac. On a fait descendre tout le monde pour réorganiser le chargement. Je me suis alors retrouvé assis sur un paquet de tabac ficelé sur le rebord de la boite de pick-up par dessus mon sac a dos, les pieds dans le vide. En arriere de moi, un amalgame de corps entassés les uns sur les autres. 6 personnes se tenaient debout, au centre, en file indenne, agrippées les unes aux autres. Puis nous sommes repartis, comme si de rien était. Absolument fou dans nos parametres d'occidentaux.

Pourquoi souffir volotairement de la sorte me demanderez-vous. Tout simplement pour comprendre. Ou dumoins essayer de comprendre. Vivre une fois dans ma vie, pour quelques heures, ce que ces personnes vivent au quotidien. Partager un instant leur terrible réalité. Et apprendre que l'on peut souffrir en silence. Car malgré les conditions a la limite du supportable, personne ne s'est jamais plaint, sachat pertinemment que c'était ainsi ou bien il n'y avait pas de transport. Une autre belle leçon de courage qu'il est bon de vivre et de se rappeler dans les «moments difficiles» de notre quotidien. Ma conviction est que si je veux avoir un minimum de compréhension des cultures et des pays que je visite, encore faut-il que je puisse approcher un tout petit peu la réalité qui y prévaut.

Le trajet prit 5 heures. Sous un soleil de plomb. Dans une poussiere suffocante. Sur un chemin défoncé. Parfois, dans les virages, toutes les personnes qui s'agrippaient les unes aux autres dans le centre de la boite, comme des grains de raisin a leur grappe, penchaient de mon bord, leur poids m'écrasant et menaçant de m'éjecter de mon perchoir d'équilibriste. Mon souffle était coupé. Je luttais de toutes mes forces. Tous mes muscles étaient mis a contribution pour repousser cette masse humaine. Mes dorsaux, mes abdominaux, mes triceps, mes quadriceps. Ma cuisse appuyait sur une barre métallique qui me rentrait dans la jambe a chaque descente. Mes cotes se trouvaient martyrisées contre ce qui servait de poignée. Mais en dedans de moi, malgré la souffrance physique, j'étais heureux d'etre la. De vivre une telle expérince. D'avoir l'impression d'apprendre quelquechose. Une fois de plus. Ce qui est selon moi l'essence meme du voyage.

Nous déambullions sur les hauteurs des collines. Sur leurs pentes abruptes, des plantations de thé. De bananes. De mais. D'immenses forets d'eucapyptus et de pin dédiées a l'exploitation. Isolés dans les hauteurs, des camps de bucherons travaillent a couper les arbres et a les débiter sur place. A la main. Car ici, pas ou peu de machinerie. Lorsque'un arbre est a terre, on monte une sorte d'estrade faite de rondins et on y hisse le tronc. A l'aide d'une immense scie, on tranche alors dans les billes fraichement découpé pour en sortir de belles planches que l'en emplile pour les laisser sécher avant qu'un camion ne vienne les chercher. Un travail harassant, sans aucun doute.

Finalement, en apercevant un village plus bas, un homme avec qui j'avais discuté durant le trajet m'indiqua que c'était la que je devais descendre pour prendre un autre moyen de transport jusqu'à la foret de Bwindi. On me déposa a une intersection de 2 pistes. Quelques boda-bodas qui attendaient me proposerent immédiatement de me conduire a destination. Un pick-up qui partait ravitailler les villages environnants était également stationné. Le chauffeur proposa de me prendre et de me conduire jusqu'à Buhoma (village ou se trouve la foret de Bwindi). J'acceptais sans hésitation. Il me proposa de m'assoir en avant, ce que je refusais a son grand étonnement. A vivre l'expérience de la piste en pick-up, autant la vivre comme il faut jusqu'au bout. C'est donc assis sur des cartons de bouteilles d'eau et des centaines de rouleaux de papier toilette que j'ai parcouru les 20 derniers kilometres qui me séparaient de cette destination qui se laisse désirer si on veut l'atteindre par ses propres moyens... 20 kilometres qui prirent 2 heures a compléter tellement la piste était mauvaise. Mais le paysage, toujours aussi magnifique avec ses plantations de thé a perte de vue et son relief escarpé, valaient amplement ces conditions de transport plutot sommaires...

Aux environs de 17h00, je pouvais enfin me tenir sur mes 2 jambes. J'étais arrivé. Le chauffeur du pick-up me déposa dans une place qu'il connaissait (avec rétribution de la part de l'établissement pour la cause). Apres une rapide négociation, le pxix de mon lit passa de 30000 a 15000 shillings (de 15 a 7$). Je pouvais alors aller prendre cette douche  dont j'avais tant besoin.

mardi 18 janvier 2011

2011-01-18 Gisenyi


La raison pour laquelle j'ai mis Gisenyi sur mon itinéraire est qu'on disait beaucoup de bien de cette ville située a la fois sur les rives du lac Kivu et également a la fontiere du Congo (Goma est mitoyen a Gisenyi). Cela constituait un endroit parfait pour m'arreter profiter de la place et mettre a jour le blog.

Le trajet prit pres de 2 heures. La nuit était noire et la pluie s'était invitée. Une fois sur place, j'ai débarqué dans une rue en terre, sans aucune idée de ce a quoi pouvait ressembler l'endroit. J'ai demandé qu'on me conduise a un hotel pas cher. Les filles qui vendaient les billets se sont concertées et elle m'ont donné un nom. Que j'ai immédiatement répété a mon conducteur de boda-boda (moto-taxi). Apres une dizaine de minutes sur des rues cahotiques, je suis arrivé dans l'entrée d'un hotel qui a elle seule me faisait penser que mon «pas cher» n'avait pas le meme sens pour les vendeuses de billets. A la réception, on me fit un grand sourire en me voyant équippé de mes sacs a dos. J'ai osé demander la liste des tarifs. La chambre la moins chere était a 85$. Un peu beaucoup quand on est dans une moyenne quotidienne d'environ 10 a 20$...

Dehors, les gardiens m'ont suggéré plus abordable. Apres un autre tour de boda-boda, je suis arrivé a l'hotel «la corniche». Quel nom étonnant (n'est-ce pas les sétois?). Le prix était bien plus raisonnable. J'étais affamé. J'ai alors posé mes sacs et me suis jeté sur le buffet. Au bar, on diffusait «les guignols de l'info» de Canal+. Ça faisait longtemps...

Le lendemain matin, j'avais décidé de bouger. En effet, ayant une copie électronique du lonely planet (j'ai rien contre, ça donne de bons tuyaux, tant qu'on sait en sortir...), on recommandait une place, sur le bord de l'eau, avec des chambre dans des bandas (petites huttes) pour un prix a peine plus élevé que ce que je payais a la corniche (30$ au lieu de 25$, mais la vue sur le lac en plus). J'ai enfourché un boda-boda pour couvrir la dizaine de kilometres a faire. En arrivant, la douche fut plutot froide. Le prix d'une chambre était de...80$! En fait, apres avoir discuté avec le réceptionniste, le prix il y a 2 ans était de 30000 francs rwandais, et non 30$. Certainement une erreur du lonely planet... Apres une longue discussion avec les gars et un super coup de main de leur part, je suis reparti comme j'étais arrivé. En boda-boda. Vers une adresse qui devait etre plus dans mes tarifs. Arrivé au «green place», on m'offrit une chambre pour environ 12$. Je prends!

Le reste de la journée a été passé a me pomener. Gisenyi est en quelques sortes au Rwanda ce que Nice ou Cannes sont a la France. Une destination de villégature privilégiée, avec sa grande allée bordée de palmiers (comme la croisette ou la promenade des anglais) tuffés de chauve-souris géantes qui dorment la le jour (étonnemment!) en faisant un vacarme d'enfer, fleuries, son bord de lac fleuri et jonché de somptueuses villas, ses quelques hotels de luxe ou la nuit peut se facturer plusieurs centaines de dollars. Par la suite, je suis allé porter du linge sale a faire laver, envoyer quelques courriels et a faire un tour dans les quelques échoppes de souvenir. Apres tout, je suis en vacnces, non? Pour finir la journée en beauté, je suis allé prendre une biere sur la terrasse de l'hotel Serena, un des plus beaux établissements de la ville. Parfait endroit pour écrire et avancer dans le blog. Mais aussi m'arreter sur mon itinéraire pour les 10 derniers jours de ce voyage.

Le lendemain matin, j'avais décidé de bouger. De changer de place. Et surtout d'avancer en passant le jour meme la frontiere ougandaise. Apres avoir déjeuné, je suis donc allé mettre le blog a jour, récupérer mon linge puis réserver un billet de bus pour Kisoro, en Ouganda. Départ a 14h00. Je suis allé manger dans un restaurant ou un homme me proposa de manger a ma table, ce que j'acceptais avec plaisir. Il est guide pour le parc national des volcans. Il venait passer sa journée de repos a Gisenyi avant de rentrer le soir meme sur Musanze. Nous avons donc beaucoup des gorilles et de son travail, avec ses bons et ses mins bons aspects (ex: clients difficiles, clients VIP, gestion des animaux, contrebandiers, etc.). Une de ces rencontres qui arrivent au hasard et qui sont si intéressantes.

L'heure filait et il était temps que je m'active. Un boda-boda pour redescendre chercher mon sac. Un autre pour remonter vers l'arret du bus. Un orage éclata et la ville se transforma en un immense champ de boue. Les gens s'entassaient tant bien que mal sous les porches, les baches ou bien les terrasses pour s'abriter de la pluie. J'imaginais alors ce que ce doit etre en période de pluie... Et tout a coup, le gros autobus rouge de la Kampala Exress apparut. On s'agita dans le petit bureau. Le véhicule s'immobilisa de l'autre bord de la rue. Du toit glissaient des trombes d'eau. L'atmosphere était devenue abominablement humide. Rapidement, un jeune enferma mon sac a dos dans la soute et je prenais place. Un instant plus tard, tout le monde avait pris place et l'autobus s'élançait de nouveau.


2011-01-18 Gorilles sous la plume...

Il nous a fallu environ 25 minutes pour rejoindre le quartier général des rangers ou on nous attendait pour l'attribution des groupes et le briefing pre-tracking. Tout le long du trajet, l'allemande aux idées courtes nous exaspera pour que nous puissions aller voir la famille de gorille «Sousa» faute de quoi ce serait une déception...

Nous sommes arrivés dans les premiers. On nous a demandé notre précieux sésame (notre permis justifiant que nous avions bien acquitté les 500$ reglementaires...) puis on a nous a dirigés vers une place ronde couverte ou du thé et du café étaient a notre disposition. Tout de meme! Les 56 heureux chaceux (nombre de visiteurs maximum par jour) arriverent les uns apres les autres. Il y avait les jeunes aventuriers. Les photographes munis d'objetifs démesurés. Les retraités. Les non-sportifs. Les sous-équippés en short ou en sandales (n'oublions pas que nous pouvons avoir plusieurs heures de marche en pleine foret vierge pour rejoindre certaines familles de gorilles!). Tranquillement, c'est pas moins de 25 4x4 (a 100$ la journée!) qui se sont alignés en arriere du notre.

Vers 8h00, les chauffeurs se sont retrouvés avec un responsable des rangers et les assignations ont été faites. On nous a assigné au groupe «Sousa» (ouf!), le plus gros et le plus éloigné de tous. Cette famille, qui a déjà compté plus de 40 membres, en compte aujourd'hui 29, dont 3 «silverback», les males ayant atteint l'age adulte et dont le dos prend une teinte argentée. On peut donc aisément conclure que les Sousa forment une famille nombreuse!

En résumé, les gorilles des montagnes sont une espece en voie d'exctinction. On les retrouve dans une région tres limitée qui se situe a cheval sur 3 pays: le Rwanda, l'Ouganda et le Congo. Un recensement en 2003 avait dénombré 780 individus, dont pres de 320 en Ouganda et 270 au Rwanda. Un nouveau décompte effectué l'an dernier a permis de recenser 880 gorilles des montages, le nombre en Ouganda étant passé a 302 alors qu'on a aujourd'hui au Rwanda plus de 380 gorilles. Les efforts mis en place pour la préservation de l'espece se voient ainsi récompensés dans ce pays particulierement pro-actif dans ce domaine.


Nous avons repris chacun notre véhicule et avons mis plus d'une heure pour rejoindre le point de départ du trek. La foret se trouvant sur les hauteurs d'un ancien volcan, le chemin pour s'y rendre était particulierement éprouvant. Mais le panorama faisait oublier la dureté de la route. Les paysages étaient grandioses et les villages isolés que nous avons traversé tres typiques. A ma grande surprise, d'immense plantations d'eucalyptus avaient été aménagées. Cet arbre a la pousse rapide permet d'obtenir rapidement du bois, tres utilisé dans la vie de tous les jours, que ce soir pour la construction ou pour faire du charbon de bois (ce qui dégage une odeur exquise d'eucalyptus dans toute la vallée).

Le groupe s'est reformé, accompagné du guide, d'un traqueur (utilisant une machette pour nous ouvrir le chemin) et d'un homme armé d'une kalachnycof (pour effrayer les buffles qui sont dans la foret...). Nous avons commencé notre ascension a travers les champs de pomme de terre en étage. La terre étant fertile mais la pente raide, les cultivateurs ont aménagé des terrasses, comme les riziculteurs du Vietnam ou des Philippines, pour y cultiver ce légume qui est une des bases de l'alimentation dans cette région du monde.
 
Tous ensemble, nous avons entammé notre trek. Apres environ 45 minutes de marche, les cultures se sont brusquement arretées, un éborme mur de pierre les séparant d'une sombre foret de bambous. Le guide nous arretta a cet endroit et nous expliqua que ce mur délimitte le parc national. A cet instant précis, nous entrions dans le parc national des volcans. En communication permanente avec les traqueurs qui étaient partis tot le matin pour repérer la famille de gorilles, nous attendions que leur positionnement soit précisé. Apres environ 15 minutes, un appel donna les précisions nécessaires pour notre guide puisse prendre la bonne direction. Nous nous sommes engouffrés dans la foret de bambous. Sombre et humide. Puis les bambous disparurent pour laisser place a une foret de type tropical. De grands arbres centenaires. De hautes herbes qu'un traqueur devait couper a la machette pour nous frayer un passage. L'humidité était abondante. Le chemin escarpé longeait une crete du haut de laquelle on pouvait voir un filet d'eau en contrebas. Des longues fougeres pendaient sous les branches. Cet environnement me faisait penser a un moment donné sur les pentes du Kilimanjaro. Apres tout, nous étions dans les memes ordres d'altitude (entre 2500 et 3000 metres) et également sur les pentes d'un ancien volcan...

Soudain, la végétation s'est dissipée en s'ouvrant sur une clairiere. Sur de grandes surfaces, les grandes herbes se retrouvaient couchées a terre. On distinguait clairement des zones plus petites ou des animaux s'étaient roulés par terre. Le guide nous expliua alors que c'était un endroit ou les gorilles avaient passé la nuit récemment. Le quotidien d'une famille de gorilles est tres simple et tres répétitif: se lever (vers 7h00), manger (de 7h00 a 9h00 – le gorille mange quotidiennement 10 a 15% de son poids en nourriture, soit pres de 30kg pour un  male de 250kg!), jouer et se reposer (de 9h00 a midi), manger (de midi a 14h00), jouer et se reposer (de 14h a 17h), manger rapidement puis faire son nid pour passer la nuit apres quoi plus rien ne se passe. En effet, le guide nous pointa un amas de branches et de feuilles dont le centre était affaisé, tout comme un nid. Le male dominant dort systématiquement a terre alors ques les autres se regroupent autour de lui ou dorment alentours, voire dans les arbres tout proches.

Puis nous avons continué a marcher dans des conditions parfois difficiles tellement la végétation était dense. Puis, a un moment, 3 hommes se tenaient dans une clairiere. 3 traqueures. Eux aussi armés. Pour notre protection, et celle des gorilles, bien évidemment (n'oublions pas que nous sommes a quelques centaines de metres de la frontiere ougandaise qui laisse parfois passer des braconniers et autres fauteurs de troubles). A ce point précis, nous devions nous débrrasser de nos sacs a dos et de nos batons de marche. Les gorilles étaient tout pres.

Nous n'avons pris que le strict nécessaire (appareils photo, bien évidemment!) et le guide nous a mis en file indienne. La consigne était de rester proches les uns des autres. En cas de charge, on se baisse, on détourne le regard et on reste calme. Simple, non?


Nous avons passé une ligne d'arbres en arriere de laquelle la pente abrupte et glissante menait vers ne immense clairiere a flanc de montagne. Tout a coup, on s'agitait en avant. Les premiers gorilles étaient en vue. Le guide et le traqueur émettaient de profonds rales qui, en langage gorille, signifiaient «tout va bien». De leur bord, les primates répondaient d'un autre son, tout aussi rauque, faisant part de leur confiance. C'était un peu irréel. Un. Deux. Puis trois.

Nous pénétrions dans un environnement peuplé d'une quinzaine de gorilles. Ils mangeaient en faisant un bruit étonnant. Il raffolent du céleri sauvage qui pousse abondemment ici. Le son qui dominait était celui que nous faisons lors d'un apéritif durant lequel on sert une trempette avec du céleri. Sur ma gauche, une femelle était confortabelement assise, a moins de 3 metres, et se délectait de plantes qu'elle saisissait ardemment. Stoiquement, elle ma regardé la prendre en photo, sans pour autant arreter de se nourrir. Parout autour, nous pouvions voir des feuilles qui s'agitaient, des branches qui fléchissaient, des herbes qui s'affalaient. Partout autour, des gorilles faisaient leur vie. Comme si nous n'étions pas la. Le guide et le traqueur observaient chaque mouvement, chaque individu. Si l'un d'entre eux s'approchait en notre direction, il nous faisait nous déplacer pour ne pas entraver le passage de l'animal. Lorsque nous nous arretions pour observer une mere qui jouait avec son petit, ils abaissaient les feuillages autour pour que nous ayons la meilleure vue possible de la scene qui se déoulai sous nos yeux.



Au fur et a mesure qu'ils mangent les plantes d'un secteur, les gorilles se déplacent en quete de plus de nourriture. Nous avons fait de meme. Pendant un peu plus d'une heure (une heure officiellement), nous avons donc suivi cette famille dans son quotidien. Et dans son environnement. Finalement, le traqueur réussit a trouver le male dominant. Un silverback. Ne pouvant nous en approcher a cause d'un grand nombre d'individus sur notre passage, nous l'avons observé a environ 20 metres. Puis il s'est levé et s'est rapproché a moins de 10 metres. 5 tout au plus. A coté d'une de ses femelles. Il s'est assis et s'est mis a nous contempler d'un regard de défiance. La tete légerement penchée en avant, il fronçait les sourcils. Détournait son regard, comme pour nous dire que nous ne l'impressionnions pas, puis revenait a la charge avec son regard de tueur. Finalement, apres plus de 10 minutes a se faire mitrailler numériquement, il s'est étendu su le ventre de tout son long et s'est couché, mettant en valeur son dos completement argenté. Magique.



A ce moment la, le guide nous parla doucement pour nous remercier d'etre venus et nous spécifier que l'heure d'observation était maintenant écoulée. Déja... Lentement et respectueusement, nous avons rebroussé chemin et remonté la clairiere afin de rejoindre nos effets personnels. Modestement apres un tel sepctacle, nous avons grignotté quelques biscuits. Il était déjà 13h00. Et apres avoir «tippé» les gardiens de nos  sacs (!), nous nous sommes mis en route dans le sens inverse, en direction de la plaine et de nos véhicules.

La descente se fit par un «raccourci» qui rendit la desente plus longue que la montée (!). Alors que nous sortions de la foret de bambous, une pluie fine se mit a tomber. Puis les gouttes devinrent plus grosses. A peine avions nous rejoint nos véhicules qu'une pluie soutenue se mit a aroser les pentes du volcan. Nous avons «tippé» l'homme en arme, le «traqueur a la machette» puis le guide (coudonc, on va finir par arreter de sortir des billets verts un jours?) et ce dernier nous remit un «cetificat» attestant de notre visite aupres de la famille «Sousa» (qui n'avait pas de valise en carton!). En d'autres termes, cela attestait que nous venions de conclure une journée a plus de 600$ par personne... Merci pour l'attention!


Sur le trajet du retour, les 3 accolytes déciderent qu'elles quitteraient Musanze dans la foulée pour passer immédiatement la frontiere ougandaise toute proche. De mon bord, voulant retrouver ma solitude au plus vite, j'avais de touet façon décidé de mettre les voiles sur Gisenyi le soir meme. En arrivant, l'une d'entres elles demanda qui avait la clé de la chambre. «La clé de la chambre?» pensais-je... «Comment ça?». La chambre aurait du rester ouverte pour qu'ils sortent nos sacs. Sinon, c'est paiement de la chambre assuré! Et j'avais vu juste...

En prenant leurs sacs en toute hate, ma «personnalité de la journée» (devinez de qui je parle!) me glissa «tu prends gardes cette chambre ce soir?». «Oh! Ben non, car je quitte moi aussi...». 3 «aurevoirs» timides précéderent le «décampage» des 3 bondes. Sans tarder, des voix se faisaient entendre en dehors. Le temps que je mette mon sac sur le dos, la propriétaire entrait dans la chambre en me disant qu'il fallait payer la chambre! Ah la bonne blague. Sans m'attarder, je lui répondais que je ne connaissais pas ces filles, que je les avais recontré la veille et que j'était désolé si leur chambre avait été fermée a clé, mais que la mienne de chambre avait été vidée et que je n'avais aucune raison de payer pour la chambre des filles. Déterminé, je me harnachais de mes sacs, baissais la tete et prenais la direction de la sortie. Aucune envie de m'éterniser dans la place! en me dirigeant vers le portail, la propriétaire renchérit. Je restais de glace et faisais mon chemin. Dehors, les 3 filles étaient dans le 4x4 qui nous avait conduit jusqu'aux gorilles (le chauffeur s'état proposé de les conduire a la frontiere moyennant finances) et un homme empechait le véhicule de partir, argumentant avec le chauffeur. Je me suis donc permis un dernier «bye les filles» plutot ironique (j'étais mort de rire en dedans de moi!) et ai pris tout droit en direction de la rue principale. Il faut croire que le Lonely Planet ne parlait pas des chambres fermées a clé...

Il était 17h00. J'ai acheté mon billet: départ a 18h15. Juste le temps de m'écraser sur une terrasse, jeter un coup d'oeil rapide aux photos prises lors de la visite des gorilles, et prendre un bon coca-cola bien frais pour feter mes retrouvailles avec la liberté!