jeudi 20 janvier 2011

2011-01-20 Rwanda-Ouganda

L'autobus s'est élancé sous une pluie torentielle. Qui ne dura pas longtemps. Aussitôt avions nous quitté Gisenyi, les gouttes cesserent de tomber et la chaussée s'assécha. Cool, car il pleuvait presque autant a l'intérieur qu'a l'extérieur...

Apres environ 2 heures de route, nous avions atteint la frontiere avec l'Ouganda. En arriere de nous, un autre autobus s'appretait a passer la frontiere. Le chauffeur nous demanda alors de courir jusqu'au bureau de l'immigration pour éviter que les passagers de l'autre véhicule ne passent avant nous, nous permettant ainsi de repartir plus vite. Alors nous avons courru. Tout comme les autres passagers. Drole de situation que d'avoir 2 autobus s'arretent a un poste frontiere au milieu de la brousse et de voir leurs passagers se ruer en courrant vers un petit bureau...

Le tampon de sorti obtenu, j'ai traversé a pieds vers l'immigration ougandaise. On nous dirigea vers ce qui ressemblait plus a un atelier de mécanique qu'un bureau. C'était le contrôle de police. Puis je suis retourné au bureau de l'immigration ougandaise ou l'obtention fut d'uns simplicité déconcertante pour un cout de 50$. Notre bus était la et attendait que tous les passagers soient passés par toutes les étapes du processus. Un homme en uniforme demanda a ce que les soutes soient ouvertes. Il en fit le tour. Puis demanda qu'elles soient vidées de tout leur contenu. Le préposé aux billets a alors aligné tous les sacs et a demandé a ce que nous les ouvrions. La fouille devenait alors inévitable. Comme de fait, l'un apres l'autre, nous nous sommes exécutés en monrant au douanier ce que contenaient nos bagages. Dans un sac, j'avais quelques souvenirs achetés au Rwanda. Le douanier les mit de coté et me regarda en me lançant «ces produits sont taxables». Ben oui, tu vas me taxer des souvenirs qui vont sortir du pays dans une semaine, voyons donc... Je lui ai alors soumis ce point. Il n'a pas réagit. Je m'imaginais déjà négociant le montant de taxes a payer dans un interminbale marchandage au fond d'un petit bureau miteux. Il a fait le tour de mon sac a dos. Apres un timide «OK» de sa part, j'ai refermé mon sac, l'ai lancé dans la soute du bus, puis ai tranquillement repris mon sac de souvenir avant de reprendre ma place dans le bus. 10 minutes plus tard, nous nous élancions sur la piste ougandaise. Ouf...

Si du coté rwandais la route menant a la frontiere est dans un état irréprochable, il en est tout autre du coté ougandais. Immédiatement, nous empruntions une piste défoncée (une de plus!) sur laquelle le chauffeur s'en donnait a coeur-joie!

Dans ma tete, un doute survint quant a mon itinéraire. Dans le bus, je consultais mon guide (la «bible» de l'«autre») sur les moyens de me rendre jusqu'à la foret de Bwini ou je prévoyais aller faire un tour. La partie n'était pas gagnée, aucun moyen de transport ne s'y rendant directement. A priori, la maniere la plus simple semblait etre de passer par Kabale (a 2 heures d'ici sur la route de Kampala), mais la carte semblait indiquer la possibilité de s'y rendre depuis Kisoro ou j'avais planifié de passer la nuit. Mon doute demeurait dans le fait que le bus dans lequel j'étais assis passait par Kabale, et qu'il serait simple de «rallonger» mon trajet pour m'y rendre imédiatement. Mais un mélange douteux d'écoeurement des transports et de confiance a toujours trouver une solution a toute problématique me fit opter pour ma pemiere décision.

Environ une heure plus tard, nous nous arretions a Kisoro. Une sorte de Benako (Tanzanie), mais en plus développé. Une rue principale ou les bus et les camions a destination ou en provenance de la frontiere se succedent dans le vacarme de leurs klaxons et la puanteur de leur moteur fumant. J'ai trouvé rapidement une hambre peu chere, j'y ai jeté mon sac et me suis affalé sur la terrasse avec une bonne «Nile Speciale» bien fraiche pour regarder la vie grouillante autour de moi.

Je n'ai pas quitté cette terrasse pendant des heures. Dans ma tete, l'incessant vacarme causé par le doute d'avoir pris la mauvaise décision de m'arreter la. Un homme engagea la conversation. Profitant de l'occasion, je le questionnais sur la meilleure maniere de rejoindre la foret de Bwindi. «Vous pouvez prendre un chauffeur et vous faire conduire directement par la piste (3 heures de piste, je n'ose meme pas imaginer le prix de la course!) ou bien rejoindre Kabale (je le savais... j'aurais donc du!) avec le bus de 6h00, puis prendre un pick-up qui remonte vers Kihihi a 8h00 précises; 11 kilometres avant Kihihi, vous descendez et prenez un boda-boda (moto-taxi) pour couvrir les 20 derniers kilometres jusqu'à la foret de Bwindi». Wow, tout un itinéraire. Une belle et longue journée en perspective! J'ai donc mis mon réveil a 5h15 pour etre parmi les premiers et ainsi éviter de me retrouver une fois de plus sur la derniere rangée.

A 4h30, un bruit abominable me réveilla malgré mes bouchons d'oreilles. Un bruit de klaxon d'autobus. Qui ne cessait de hurler. Stridant comme aucun autre. A 4h30 du matin! «Voyons, c'est pas possible, il va pas arreter celui-la? Y'a des gens qui dorment ici». Il va sans dire que je n'ai pas eu besoin d'attendre que mon réveil sonne pour etre debout. Un bonne douche plus tard, j'étais rendu sur le pas de la porte de l'hotel. 2 autobus étaient staionnés le long de la route, tous phares allumés. Je m'étais juré de ne pas prendre celui qui hurlait a la mort depuis plus d'une heure. Mais c'était celui que je devais prendre... J'ai acheté mon billet et des 5h30, je me suis rapidement assis en avant afin d'avoir une place de choix. Un jeune était assis a la place du conducteur. Il appuyait frénétiquement sur le klaxon qui crachait des décibels a vous crever les tympans. C'etait donc lui le coupable! En meme temps, il donnait de grands coup d'accélérateur qui faisaient sortir du pot d'échappement d'immenses voluptes grises. L'odeur de diesel était nauséabonde. 5h45. 6h00. 6h15. Toujours pas partis. En demandant dans combien de temps nous partions, on m'indiqua 7h00. «7h00? Et mon pick-up de 8h00 alors? - Pas de probleme, il en part en permanence vers Kihihi». Un peu rassuré, je me suis permis d'aller boire un thé en prenant bien soin de laisser de affaires sur mon siege, un peu comme pour marquer mon territoire!


A 7h00, le vrai chauffeur prit place et nous nous élancions. Le jour pointait a peine. Le soleil annonçait sa sortie toute proche d'en arriere des montagnes en projetant dans le ciel de magnifiques rayons de lumiere. L'environnement était une succession de montagnes aux pentes raides et de vallées encaissées encore remplies de brume. La piste serpentait ainsi de col en col. Puis le soleil fit son apparition. Le paysage était époustoufflant (je n'utilise pas souvent ce qualificatif fort, mais la, j'étais «bluffé» par la beauté de l'endroit. Certainement une des 10 plus belles places jamais vues dans mes voyages. Le trajet me rappelait la route Batad-Bontoc aux Philippines. Grandiose. J'ai beaucoup regretté de ne pas avoir pensé a me mettre a coté d'une fenetre, ce qui m'aurait permis de superbes photos... Finalement, je mes yeux n'auraient jamais eu cette opportunité si j'avais fait cette route de nuit!

Apres 1h30 a me délecter de tant de beauté, nous sommes arrivés a Kabale. On m'a déposé sur le bord de la rue principale et j'ai rejoint a pied le stationnement de départ des pick-ups. On m'annonça un départ pour 9h00. Parfait, juste le temps d'aller avaler quelquechose dans le «boui-boui» du coin.

A 9h00 précises, on avait attaché solidement mon sac a dos et d'autre articles sur l'extérieur du pick-up (pourquoi pas a l'intérieur?) et j'avais pris place dans la boite, en arriere. 6 autres personnes avaient fait de meme. Vers 9h15, nous avons fait un tour rapide vers un magasin ou on a mis dans la boite de grosses caisses en métal (moins de place pour les passagers, mais ça devrait aller). Puis nous sommes revenus sur le stationnement. Et nous avons attendu. Attendu. Et attendu encore. En plein soleil. Soudain, on s'agita autour du pick-up. On amena des sacs de pommes de terre qu'on déposa au fond de la boite. D'autres personnes monterent égalemetn dans la boite du véhicule. Puis des enfants. Et encore d'autres adultes. Et encore d'autres enfants. Nous étions alors entassés comme des sardines. Dans une boite d'anchois! Nous étions tassés les uns sur les autres. C'était vraiment particulier. Et nous avions 5 heures de piste a faire en avant de nous. On était pas rendus! Lorsque le véhicule s'est ébranlé, nous avions a bord 15 adultes, une dizaine d'enfants (de 6 mois a 12 ans) et pas mal de sacs de pommes de terre. Assis sur le rebord de la boite, les pieds encastrés entre 2 personnes, je me tenais tant bien que mal pour ne pas tomber en arriere et me retrouver sur la route.


Apres 10 minutes, nous nous arretions sur le coté de la route. On nous a fait descendre et on a chargé des sacs et des sacs de pommes de terre. Et nous, on va faire comment pour rentrer maintenant? Nous sommes remontés en nous imbriquant comme des légos et avons repris la route... pour nous arreter un peu plus loin. Encore des sacs de pommes de terre et des paquets de feuilles de tabac. On a fait descendre tout le monde pour réorganiser le chargement. Je me suis alors retrouvé assis sur un paquet de tabac ficelé sur le rebord de la boite de pick-up par dessus mon sac a dos, les pieds dans le vide. En arriere de moi, un amalgame de corps entassés les uns sur les autres. 6 personnes se tenaient debout, au centre, en file indenne, agrippées les unes aux autres. Puis nous sommes repartis, comme si de rien était. Absolument fou dans nos parametres d'occidentaux.

Pourquoi souffir volotairement de la sorte me demanderez-vous. Tout simplement pour comprendre. Ou dumoins essayer de comprendre. Vivre une fois dans ma vie, pour quelques heures, ce que ces personnes vivent au quotidien. Partager un instant leur terrible réalité. Et apprendre que l'on peut souffrir en silence. Car malgré les conditions a la limite du supportable, personne ne s'est jamais plaint, sachat pertinemment que c'était ainsi ou bien il n'y avait pas de transport. Une autre belle leçon de courage qu'il est bon de vivre et de se rappeler dans les «moments difficiles» de notre quotidien. Ma conviction est que si je veux avoir un minimum de compréhension des cultures et des pays que je visite, encore faut-il que je puisse approcher un tout petit peu la réalité qui y prévaut.

Le trajet prit 5 heures. Sous un soleil de plomb. Dans une poussiere suffocante. Sur un chemin défoncé. Parfois, dans les virages, toutes les personnes qui s'agrippaient les unes aux autres dans le centre de la boite, comme des grains de raisin a leur grappe, penchaient de mon bord, leur poids m'écrasant et menaçant de m'éjecter de mon perchoir d'équilibriste. Mon souffle était coupé. Je luttais de toutes mes forces. Tous mes muscles étaient mis a contribution pour repousser cette masse humaine. Mes dorsaux, mes abdominaux, mes triceps, mes quadriceps. Ma cuisse appuyait sur une barre métallique qui me rentrait dans la jambe a chaque descente. Mes cotes se trouvaient martyrisées contre ce qui servait de poignée. Mais en dedans de moi, malgré la souffrance physique, j'étais heureux d'etre la. De vivre une telle expérince. D'avoir l'impression d'apprendre quelquechose. Une fois de plus. Ce qui est selon moi l'essence meme du voyage.

Nous déambullions sur les hauteurs des collines. Sur leurs pentes abruptes, des plantations de thé. De bananes. De mais. D'immenses forets d'eucapyptus et de pin dédiées a l'exploitation. Isolés dans les hauteurs, des camps de bucherons travaillent a couper les arbres et a les débiter sur place. A la main. Car ici, pas ou peu de machinerie. Lorsque'un arbre est a terre, on monte une sorte d'estrade faite de rondins et on y hisse le tronc. A l'aide d'une immense scie, on tranche alors dans les billes fraichement découpé pour en sortir de belles planches que l'en emplile pour les laisser sécher avant qu'un camion ne vienne les chercher. Un travail harassant, sans aucun doute.

Finalement, en apercevant un village plus bas, un homme avec qui j'avais discuté durant le trajet m'indiqua que c'était la que je devais descendre pour prendre un autre moyen de transport jusqu'à la foret de Bwindi. On me déposa a une intersection de 2 pistes. Quelques boda-bodas qui attendaient me proposerent immédiatement de me conduire a destination. Un pick-up qui partait ravitailler les villages environnants était également stationné. Le chauffeur proposa de me prendre et de me conduire jusqu'à Buhoma (village ou se trouve la foret de Bwindi). J'acceptais sans hésitation. Il me proposa de m'assoir en avant, ce que je refusais a son grand étonnement. A vivre l'expérience de la piste en pick-up, autant la vivre comme il faut jusqu'au bout. C'est donc assis sur des cartons de bouteilles d'eau et des centaines de rouleaux de papier toilette que j'ai parcouru les 20 derniers kilometres qui me séparaient de cette destination qui se laisse désirer si on veut l'atteindre par ses propres moyens... 20 kilometres qui prirent 2 heures a compléter tellement la piste était mauvaise. Mais le paysage, toujours aussi magnifique avec ses plantations de thé a perte de vue et son relief escarpé, valaient amplement ces conditions de transport plutot sommaires...

Aux environs de 17h00, je pouvais enfin me tenir sur mes 2 jambes. J'étais arrivé. Le chauffeur du pick-up me déposa dans une place qu'il connaissait (avec rétribution de la part de l'établissement pour la cause). Apres une rapide négociation, le pxix de mon lit passa de 30000 a 15000 shillings (de 15 a 7$). Je pouvais alors aller prendre cette douche  dont j'avais tant besoin.

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