mardi 18 janvier 2011

2011-01-18 Gorilles sous la plume...

Il nous a fallu environ 25 minutes pour rejoindre le quartier général des rangers ou on nous attendait pour l'attribution des groupes et le briefing pre-tracking. Tout le long du trajet, l'allemande aux idées courtes nous exaspera pour que nous puissions aller voir la famille de gorille «Sousa» faute de quoi ce serait une déception...

Nous sommes arrivés dans les premiers. On nous a demandé notre précieux sésame (notre permis justifiant que nous avions bien acquitté les 500$ reglementaires...) puis on a nous a dirigés vers une place ronde couverte ou du thé et du café étaient a notre disposition. Tout de meme! Les 56 heureux chaceux (nombre de visiteurs maximum par jour) arriverent les uns apres les autres. Il y avait les jeunes aventuriers. Les photographes munis d'objetifs démesurés. Les retraités. Les non-sportifs. Les sous-équippés en short ou en sandales (n'oublions pas que nous pouvons avoir plusieurs heures de marche en pleine foret vierge pour rejoindre certaines familles de gorilles!). Tranquillement, c'est pas moins de 25 4x4 (a 100$ la journée!) qui se sont alignés en arriere du notre.

Vers 8h00, les chauffeurs se sont retrouvés avec un responsable des rangers et les assignations ont été faites. On nous a assigné au groupe «Sousa» (ouf!), le plus gros et le plus éloigné de tous. Cette famille, qui a déjà compté plus de 40 membres, en compte aujourd'hui 29, dont 3 «silverback», les males ayant atteint l'age adulte et dont le dos prend une teinte argentée. On peut donc aisément conclure que les Sousa forment une famille nombreuse!

En résumé, les gorilles des montagnes sont une espece en voie d'exctinction. On les retrouve dans une région tres limitée qui se situe a cheval sur 3 pays: le Rwanda, l'Ouganda et le Congo. Un recensement en 2003 avait dénombré 780 individus, dont pres de 320 en Ouganda et 270 au Rwanda. Un nouveau décompte effectué l'an dernier a permis de recenser 880 gorilles des montages, le nombre en Ouganda étant passé a 302 alors qu'on a aujourd'hui au Rwanda plus de 380 gorilles. Les efforts mis en place pour la préservation de l'espece se voient ainsi récompensés dans ce pays particulierement pro-actif dans ce domaine.


Nous avons repris chacun notre véhicule et avons mis plus d'une heure pour rejoindre le point de départ du trek. La foret se trouvant sur les hauteurs d'un ancien volcan, le chemin pour s'y rendre était particulierement éprouvant. Mais le panorama faisait oublier la dureté de la route. Les paysages étaient grandioses et les villages isolés que nous avons traversé tres typiques. A ma grande surprise, d'immense plantations d'eucalyptus avaient été aménagées. Cet arbre a la pousse rapide permet d'obtenir rapidement du bois, tres utilisé dans la vie de tous les jours, que ce soir pour la construction ou pour faire du charbon de bois (ce qui dégage une odeur exquise d'eucalyptus dans toute la vallée).

Le groupe s'est reformé, accompagné du guide, d'un traqueur (utilisant une machette pour nous ouvrir le chemin) et d'un homme armé d'une kalachnycof (pour effrayer les buffles qui sont dans la foret...). Nous avons commencé notre ascension a travers les champs de pomme de terre en étage. La terre étant fertile mais la pente raide, les cultivateurs ont aménagé des terrasses, comme les riziculteurs du Vietnam ou des Philippines, pour y cultiver ce légume qui est une des bases de l'alimentation dans cette région du monde.
 
Tous ensemble, nous avons entammé notre trek. Apres environ 45 minutes de marche, les cultures se sont brusquement arretées, un éborme mur de pierre les séparant d'une sombre foret de bambous. Le guide nous arretta a cet endroit et nous expliqua que ce mur délimitte le parc national. A cet instant précis, nous entrions dans le parc national des volcans. En communication permanente avec les traqueurs qui étaient partis tot le matin pour repérer la famille de gorilles, nous attendions que leur positionnement soit précisé. Apres environ 15 minutes, un appel donna les précisions nécessaires pour notre guide puisse prendre la bonne direction. Nous nous sommes engouffrés dans la foret de bambous. Sombre et humide. Puis les bambous disparurent pour laisser place a une foret de type tropical. De grands arbres centenaires. De hautes herbes qu'un traqueur devait couper a la machette pour nous frayer un passage. L'humidité était abondante. Le chemin escarpé longeait une crete du haut de laquelle on pouvait voir un filet d'eau en contrebas. Des longues fougeres pendaient sous les branches. Cet environnement me faisait penser a un moment donné sur les pentes du Kilimanjaro. Apres tout, nous étions dans les memes ordres d'altitude (entre 2500 et 3000 metres) et également sur les pentes d'un ancien volcan...

Soudain, la végétation s'est dissipée en s'ouvrant sur une clairiere. Sur de grandes surfaces, les grandes herbes se retrouvaient couchées a terre. On distinguait clairement des zones plus petites ou des animaux s'étaient roulés par terre. Le guide nous expliua alors que c'était un endroit ou les gorilles avaient passé la nuit récemment. Le quotidien d'une famille de gorilles est tres simple et tres répétitif: se lever (vers 7h00), manger (de 7h00 a 9h00 – le gorille mange quotidiennement 10 a 15% de son poids en nourriture, soit pres de 30kg pour un  male de 250kg!), jouer et se reposer (de 9h00 a midi), manger (de midi a 14h00), jouer et se reposer (de 14h a 17h), manger rapidement puis faire son nid pour passer la nuit apres quoi plus rien ne se passe. En effet, le guide nous pointa un amas de branches et de feuilles dont le centre était affaisé, tout comme un nid. Le male dominant dort systématiquement a terre alors ques les autres se regroupent autour de lui ou dorment alentours, voire dans les arbres tout proches.

Puis nous avons continué a marcher dans des conditions parfois difficiles tellement la végétation était dense. Puis, a un moment, 3 hommes se tenaient dans une clairiere. 3 traqueures. Eux aussi armés. Pour notre protection, et celle des gorilles, bien évidemment (n'oublions pas que nous sommes a quelques centaines de metres de la frontiere ougandaise qui laisse parfois passer des braconniers et autres fauteurs de troubles). A ce point précis, nous devions nous débrrasser de nos sacs a dos et de nos batons de marche. Les gorilles étaient tout pres.

Nous n'avons pris que le strict nécessaire (appareils photo, bien évidemment!) et le guide nous a mis en file indienne. La consigne était de rester proches les uns des autres. En cas de charge, on se baisse, on détourne le regard et on reste calme. Simple, non?


Nous avons passé une ligne d'arbres en arriere de laquelle la pente abrupte et glissante menait vers ne immense clairiere a flanc de montagne. Tout a coup, on s'agitait en avant. Les premiers gorilles étaient en vue. Le guide et le traqueur émettaient de profonds rales qui, en langage gorille, signifiaient «tout va bien». De leur bord, les primates répondaient d'un autre son, tout aussi rauque, faisant part de leur confiance. C'était un peu irréel. Un. Deux. Puis trois.

Nous pénétrions dans un environnement peuplé d'une quinzaine de gorilles. Ils mangeaient en faisant un bruit étonnant. Il raffolent du céleri sauvage qui pousse abondemment ici. Le son qui dominait était celui que nous faisons lors d'un apéritif durant lequel on sert une trempette avec du céleri. Sur ma gauche, une femelle était confortabelement assise, a moins de 3 metres, et se délectait de plantes qu'elle saisissait ardemment. Stoiquement, elle ma regardé la prendre en photo, sans pour autant arreter de se nourrir. Parout autour, nous pouvions voir des feuilles qui s'agitaient, des branches qui fléchissaient, des herbes qui s'affalaient. Partout autour, des gorilles faisaient leur vie. Comme si nous n'étions pas la. Le guide et le traqueur observaient chaque mouvement, chaque individu. Si l'un d'entre eux s'approchait en notre direction, il nous faisait nous déplacer pour ne pas entraver le passage de l'animal. Lorsque nous nous arretions pour observer une mere qui jouait avec son petit, ils abaissaient les feuillages autour pour que nous ayons la meilleure vue possible de la scene qui se déoulai sous nos yeux.



Au fur et a mesure qu'ils mangent les plantes d'un secteur, les gorilles se déplacent en quete de plus de nourriture. Nous avons fait de meme. Pendant un peu plus d'une heure (une heure officiellement), nous avons donc suivi cette famille dans son quotidien. Et dans son environnement. Finalement, le traqueur réussit a trouver le male dominant. Un silverback. Ne pouvant nous en approcher a cause d'un grand nombre d'individus sur notre passage, nous l'avons observé a environ 20 metres. Puis il s'est levé et s'est rapproché a moins de 10 metres. 5 tout au plus. A coté d'une de ses femelles. Il s'est assis et s'est mis a nous contempler d'un regard de défiance. La tete légerement penchée en avant, il fronçait les sourcils. Détournait son regard, comme pour nous dire que nous ne l'impressionnions pas, puis revenait a la charge avec son regard de tueur. Finalement, apres plus de 10 minutes a se faire mitrailler numériquement, il s'est étendu su le ventre de tout son long et s'est couché, mettant en valeur son dos completement argenté. Magique.



A ce moment la, le guide nous parla doucement pour nous remercier d'etre venus et nous spécifier que l'heure d'observation était maintenant écoulée. Déja... Lentement et respectueusement, nous avons rebroussé chemin et remonté la clairiere afin de rejoindre nos effets personnels. Modestement apres un tel sepctacle, nous avons grignotté quelques biscuits. Il était déjà 13h00. Et apres avoir «tippé» les gardiens de nos  sacs (!), nous nous sommes mis en route dans le sens inverse, en direction de la plaine et de nos véhicules.

La descente se fit par un «raccourci» qui rendit la desente plus longue que la montée (!). Alors que nous sortions de la foret de bambous, une pluie fine se mit a tomber. Puis les gouttes devinrent plus grosses. A peine avions nous rejoint nos véhicules qu'une pluie soutenue se mit a aroser les pentes du volcan. Nous avons «tippé» l'homme en arme, le «traqueur a la machette» puis le guide (coudonc, on va finir par arreter de sortir des billets verts un jours?) et ce dernier nous remit un «cetificat» attestant de notre visite aupres de la famille «Sousa» (qui n'avait pas de valise en carton!). En d'autres termes, cela attestait que nous venions de conclure une journée a plus de 600$ par personne... Merci pour l'attention!


Sur le trajet du retour, les 3 accolytes déciderent qu'elles quitteraient Musanze dans la foulée pour passer immédiatement la frontiere ougandaise toute proche. De mon bord, voulant retrouver ma solitude au plus vite, j'avais de touet façon décidé de mettre les voiles sur Gisenyi le soir meme. En arrivant, l'une d'entres elles demanda qui avait la clé de la chambre. «La clé de la chambre?» pensais-je... «Comment ça?». La chambre aurait du rester ouverte pour qu'ils sortent nos sacs. Sinon, c'est paiement de la chambre assuré! Et j'avais vu juste...

En prenant leurs sacs en toute hate, ma «personnalité de la journée» (devinez de qui je parle!) me glissa «tu prends gardes cette chambre ce soir?». «Oh! Ben non, car je quitte moi aussi...». 3 «aurevoirs» timides précéderent le «décampage» des 3 bondes. Sans tarder, des voix se faisaient entendre en dehors. Le temps que je mette mon sac sur le dos, la propriétaire entrait dans la chambre en me disant qu'il fallait payer la chambre! Ah la bonne blague. Sans m'attarder, je lui répondais que je ne connaissais pas ces filles, que je les avais recontré la veille et que j'était désolé si leur chambre avait été fermée a clé, mais que la mienne de chambre avait été vidée et que je n'avais aucune raison de payer pour la chambre des filles. Déterminé, je me harnachais de mes sacs, baissais la tete et prenais la direction de la sortie. Aucune envie de m'éterniser dans la place! en me dirigeant vers le portail, la propriétaire renchérit. Je restais de glace et faisais mon chemin. Dehors, les 3 filles étaient dans le 4x4 qui nous avait conduit jusqu'aux gorilles (le chauffeur s'état proposé de les conduire a la frontiere moyennant finances) et un homme empechait le véhicule de partir, argumentant avec le chauffeur. Je me suis donc permis un dernier «bye les filles» plutot ironique (j'étais mort de rire en dedans de moi!) et ai pris tout droit en direction de la rue principale. Il faut croire que le Lonely Planet ne parlait pas des chambres fermées a clé...

Il était 17h00. J'ai acheté mon billet: départ a 18h15. Juste le temps de m'écraser sur une terrasse, jeter un coup d'oeil rapide aux photos prises lors de la visite des gorilles, et prendre un bon coca-cola bien frais pour feter mes retrouvailles avec la liberté!

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