vendredi 14 janvier 2011

2011-01-14 Kigali

A mon arrivée a Kigali, la première chose qui me surprit fut l'environnement vallonné. La ville est répartie sur plusieurs collines et vallons. Le centre ville est perché sur l'une d'entre elles, un grande tour aux vitres teintées trônant en plein centre. D'autres constructions d'ampleur sont d'ailleurs en cours de construction.
Quartier populaire de Kigali
Le minibus nous déposa dans une véritable fourmilière. En passant la frontière, j'avais demandé le prix d'un coca-cola en guise de référence de prix. En arrivant a Kigali, je demandais a un passager du minibus combien était la course en moto-taxi, le moyen de transport de prédilection ici. 300 francs rwandais (ça fait vraiment bizarre de payer en franc, cette monnaie qui a bercé mon enfance en France et qui a maintenant laissé la place a l'euro), soit environ 50 cents. Honnête pour une course en ville.

Je demandais a un chauffeur de me conduire a l'hôtel gloria. En arrivant en avant, celui-ci avait fermé. Il me fallait en trouver un autre pas trop cher. On m'envoya alors au sky hotel, non loin de la. La réceptionniste m'annonça laconiquement un prix de 40$pour la chambre. Ben voyons, il se voit pas assez le sac a dos que j'ai en arrière de moi? Il veut dire «chambre pas chère SVP!». Finalement, avec un minimum de négociation, le prix tomba rapidement de moitié. 20$ avec eau chaude, je prends. Un peu cher, mais j'ai pas le goût de courir une chambre maintenant. Je me pose et je verrai demain...

La chambre était très acceptable, mais ce qui était le plus cool, c'était la vue sur les collines environnantes. Les quartiers embrassant les pentes telle une plante grimpante qui cannibalise un arbre. Une fois débarrassé de ma coquille de sac a dos, je suis parti errer en ville comme une limace. Lentement. Tranquillement. Sereinement. En premier lieu, il me fallait manger quelque chose. Puis j'ai arpenté les rues au milieu du brouhaha continu. Le Rwanda a été colonisé de nombreuses années par les allemands puis par les belges. D'où un certain sentiment européen.

Kigali
Aujourd'hui, et suite au génocide de 1994, on retrouve a Kigali un très grand nombre d'ONG, ce qui veut dire beaucoup d'expatriés qui gravitent dans le coin. Et donc une vie avec une certaine touche occidentale. L'autre point marquant est l'omni-présence du français, ou plutôt de la langue française dans l'affichage. Cela étant bien évidemment du au passé colonial du pays. Cependant, les pays est- africains sont sur le point de créer une union (l'an prochain semble-t-il), et la langue officielle de cette union de l'est sera... l'anglais. Par conséquent, l'an prochain, la langue de Molière sera ici rayée de la carte pour laisser la place a la langue de Shakespeare. Triste fin programmée d'une langue seconde...

En fin de journée, je suis rentré tranquillement a mon «sky hotel». En arrière se trouvait un sauna (hammam et sauna sec). Je me suis donc permis de m'y aventurer. Rien a voir avec l'expérience marocaine dans les combles Essaouira. A vrai dire, je ne savais pas trop a quoi m'attendre. En arrivant dans cet endroit populaire et très achalandé, on m'a regardé en se demandant si j'étais a ma place. A vrai dire, je pense avoir ressenti un instant le feeling d'une personne de couleur noire qui se présenterai dans une place exclusivement blanche et que l'on dévisagerait de la tête aux pieds. Ça fait parfois du bien d'inverser les rôles: on se rend alors compte de ce que peuvent endurer les personnes a travers un simple regard. Une belle leçon.

On m'a donné un bout de tissu a m'enrouler autour de la taille et on m'a indiqué une salle ou me déshabiller. Ensuite, comme dans tous les saunas, il suffit d'alterner entre sauna , douche froide, hammam, douche froide, sauna, etc. Dans la noirceur des sauna et hammam, on me faisait une place, puis tranquillement, on s'intéressait a ma présence... avec les éternelles même questions: pays d'origine, quand suis-je arrivé, ou vais-je, etc. A vrai dire, je cherche ce genre de situations qui pourraient être perçues comme des décalages. Mais en réalité, au delà du challenge personnel, il y a cette soif de se forcer un peu pour mettre les pieds dans des endroits et de vivre des situation un peu inhabituels, de dépasser ses limites (tout en se respectant), d'approcher un peu une réalité qu'une  majorité d'entre nous n'ose pas découvrir. En effet, il serait facile de rester dans les chemins battus, déjà foulés par tant de monde. Je ne suis pas différent. Je ne fais rien d'exceptionnel. J'ai mes limites. Mais j'aime toucher les choses plus que simplement les effleurer. En tout cas, cette soirée dans un sauna de Kigali fut une expérience réussie et enrichissante. En sortant de la, il me fallait me nourrir car il se faisait déjà tard et je tombais de sommeil. J'ai donc descendu la rue de l'hôtel pour me rendre sur une terrasse que j'avais repérée dans la journée (la prévoyance est un élément important du voyage improvisé). J'y ai mangé des brochettes avec une assiette de frites et une bonne biere. Il n'en fallait pas plus pour plier cette journée.

Le lendemain matin, j'avais prévu d'aller visiter le «Kigali Memorial Center» qui relate le génocide de 1994. L'émotion entourant cette visite étant particulièrement intense, vous trouverez un post spécifique a cette visite (post suivant). Ma journée commença donc sur la tragédie d'un génocide incommensurable et se termina dans le confort d'un hôtel de luxe, symbole de résistance contra la barbarie qui régna 100 jours durant. J'avais en une journée bouclé une boucle importante de mon voyage. Peut-être que cela vous parait un peu philosophique, mais l'essentiel est que je me comprenne...

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