lundi 10 janvier 2011

2011-01-10 Mwanza

Au réveil, je me sentais mieux. Les bienfaits d'une bonne nuit de sommeil sont décidément immenses! Mon premier réflexe fut alors de memettre quelquechose dans l'estomac. En descendant, la receptionniste me tendit un petit coupon. «Tiens, le petit-dej est inclus... cool!». Bonne surprise.

Le ventre plein, il était temps d'aller me connecter a la toile pour nettoyer ma boite de courriel et répondre a quelques urgences.

En sortant de l'hotel, les impacts de la journée de bus de la veille étaient indéniables: mal de partout! Le remede nécessaire était alors un bon massage. Mais a Mwanza, il n'a pas été facile de trouver mon bonheur. Ah... si seulement j'étais en Asie, je n'aurais eu que l'embarras du choix! Apres une recherche longue et pénible, j'ai finalement trouvé au «new Mwanza hotel». Massage tout a fait acceptable pour la place et pour le prix.

Maintenant relaxé, mon travail de rédaction du blog pouvait commencer. J'ai donc erré dans la ville pour trouver une palce propice a cette étape importante du voyage. En effet, je ne répeterai pas l'importance qu'a pour moi l'écriture lorsque je voyage. J'essaye cependant de trouver un endroit agréable, calme et inspirant pour cette réalisation. J'avais choisi de passer quelques jours a Mwanza pour etre sur le bord du lac Victoria. Cela me semblait tout a fait approprié. Encore me fallait-il trouver cet endroit.

Bien que dans les terres, Mwanza est une grande ville porturaire. Sur le lac Victoria, bien sur. Ellle s'étale sur de multiples collines le long desquelles ont fleuri avec le temps des quartiers populaires. Ici, comme bien ailleurs dans le monde, les pauvres ont la vue sur l'eau alors que les riches ont les pieds dedans. Sur les presqu'iles qui avancent dans le lac, de somptueuses villas ont été construites. Certaines sont adossées aux immenses blocs granitiques qui parsement le paysage. En avant des grandes grilles en fer forgé, des gardes armés dissuadent quiconque de vouloir s'aventurer dans les lieux.

J'ai passé un peu de temps proche du débarcadere du ferry. Il y regne une activité tourbillonnante. On y prépare des marchandises qui seront exportées, comme les tomates qu'on enferme dans d'immenses paniers en osier et que l'on protege en les recouvrant de feuillages. On nettoie aussi le poisson ramené par les pecheurs. Il regne une odeur forte d'huile de vidange, de poisson et de pourriture. De grands oiseaux tourbillonnent dans le ciel et se posent proche des gens. Une sorte de mélange entre la cigogne et le pélican. Leur tete est tout abimée, malade, comme de l'eczema recouvert de cambouis. Je soupçonne que ce soit en plongeant leur bec dans des eaux souillées et en mangeant les restes des conteneurs de poubelle tout proche. Ils rodent autour des femmes qui éviscerent les poissons, guettant sans cesse un met a becqueter.

Alors que je marchais, une voiture passa a ma hauteur et s'arreta quelques metres plus loin. La tete d'une femme sortit par la fenetre. Une «muzungu», assurément, avec ses cheuveux blonds et sa meche rose. «Que fais-tu ici?» me demanda-t-elle. «Je ne t'ai jamais vu a Mwanza et je connais tous les «muzungus» ici!». «Ben, c'est parce que je suis arrivé hier». En résumé, elle m'expliqua qu'elle travaillait au Casino de Mwanza (eh oui, un Casino!) et qu'elle formait les croupiers. Elle me proposa d'y passer a 21h00. Ce pourrait etre une bonne façon d'en apprendre un peu plus sur la place. En attendant, je me dirigeais vers le «Tilapia hotel», LA place en ville. Certainement un des hotels les plus luxueux de Mwanza (demeurrons modestes, quand meme pas un 5 étoiles, mais un bon 4!), avec sa piscine et sa terrasse qui donne sur une baie du lac Victoria. Il est principaleemnt fréquenté par les expatriés travaillant dans la région. En avant de l'hotel, une ribambelle de gros 4x4 lettrés au nom de grosses compagnies minieres, de BTP ou de génie conseil. J'avais trouvé ma place pour écrire. J'ai donc écris, et les heures ont défilé...

Le soir, je suis retourné poser mon sac a dos a l'hotel, j'ai mangé quelques brochettes dans la rue et je me suis dirigé vers le Casino. Petit Casino. Quelques machines a sous. 2 tables de roulette, 2 de poker et 2 de blackjack. La petite blonde a la meche rose était perchée sur un haut tabouret entre les 2 tables de roulette. Elle vérifiait le travail des croupiers. Travail étonnant. En attendant sa pause, j'ai regardé. Contemplé. Scruté. Je me suis beaucoup étonné de voir des gens jouer dans un pays d'Afrique. Pur réflexe stéréotypique. Car apres tout, la ou il y a des gens, il y a toujours de l'argent. Les clients étaient principalement chinois et indiens. A sa pause, la «surveillante» m'en expliqua un peu plus. Elle est polonaise, travaille dans l'industrie du jeu depuis plus de 10 ans et a postulé sur ce contrat au Rwanda pour former et surveiller les croupiers du Casino. 1 an. Peut-etre 2. Et pourquoi pas plus... Tous les surveillants sont étragers. Je lui demande si le Casino vient d'ouvrir pour avoir besoin de former les croupiers. Elle me répond que le Casino est  ouvert depuis 7 ans et que le roulement de personnel est tres important. Je trouve cela étonnant car selon moi, avoir un emploi au Casino doit etre valorisant, gratifiant, et certainement plus payant que vendre des bananes ou cirer des chaussures dans la rue. Elle me répond en m'expliquant le manque de fiabilité de la part des employés, le manque de loyauté, et la nécessité de les encadrer de proche. Voilà pourquoi les surveillants sont kenyans, polonais et autre.

Depuis plusieurs mois qu'elle est ici, elle connait les joueurs par leur nom et se fait parfois leur complice faussement intéressée. Elle ne se gene également pas pour les remettre a l'ordre lorsqu'ils abusent des croupiers en les insultant ou en les humiliant. Il y a le juif propriétaire d'une bijouterie, l'indien gérant de restaurants. Puis ces chinois qui sont la tous les soirs a jouer des sommes importantes sans qu'on sache ce qu'ils font ni comment ils gagnent leur argent. Selon moi, ils travaillent dans les infrastructures majeures, comme les routes, que le gouvernement sous-traite avec le dragon chinois.

J'ai passé la quelques heures a regarder des milliers de dollars se dépenser. Se gagner. Peronnellement, je n'y ai meme pas joué 50 cents. Pas le goût de jouer. Comme si je préférais mettre ces 50 cents dans mon voyage plutot que sur une table de jeu. Puis, un peu lassé par les frasques des joueurs qui semblaient dépenser dans le seul but de passer leur temps, je suis rentré me coucher.

Le lendemain matin, la premiere chose que j'ai fait etait de laver mon sac a dos. Il sentait l'humidite et etait couvert de boue. Je suis donc monte sur le toit de l'hotel et me suis attarde a en faire un bon nettoyage. Il ne l'avait pas vole. Et sans sac a dos, point de backpacker!

Ensuite, je suis allé passer du temps sur Internet pouyr mettre en ligne mes écrits de la veille. En apres-midi, je suis retourné a l'hotel Tilapia pour continuer mon récit et j'y suis resté jusqu'en fin de journée. Une norvégienne qui était la et qui avait passé 6 mois pour une ONG me donna son point de vue sur cette région de la Tanzanie. En 6 mois ici, elle a contracté 2 fois la malaria qui est tres présente dans le coin, présence du lac oblige. Une amie a elle 5 fois... Voilà qui me refroidit assez pour maintenant mettre systématiquement ma moustiquaire lorsque je vais me coucher!

Elle m'explique également que le lac Victoria est devenu la propriété informelle de l'usine industrielle, sous capitaux étrangers, qui exploite le tilapia (ou perche du Nil). Cette espece de poisson a été introduite dans le lac et a éliminé toutes les autres sortes de poissons. Les pecheurs locaux n'ont donc plus de ressource a pecher et une grosse usine s'est installée pour pecher industriellement le tilapia qui est maintenant un produit vedette dans les pays occidentaux. Résultat: on envoie le tilapia a l'extérieur et les locaux ne peuvent plus se suffir de leur peche. Autre sujet de discorde: les mines. La région est riche en or. Une grosse compagnie canadienne, la «barrrick gold» (chut, doucement, il y a plein de personnes autour qui travaillent dans les mines) exploite un énorme gisement non loin de la. Cependant, les impacts écologiques sur la région et sur le lac sont énormes, entres autres a cause de la pollution produite dans le cadre de l'exploitation des filons auriferes. Bref, cela cause de graves problemes et se répercute inévitabement sur les populations environnantes. D'ou une autre source de mécontentement. Bref, la colonisation n'est plus. Mais c'en est une autre  qui a pris la place sous une forme différent. Plus sournoise, certainement...

Le troisieme jour, je suis retourné une fois de plus a l'hotel Tilapia pour finir mon récit sur le Kilimanjaro. Je me suis alors rappelé d'un détail important de mon voyage qui n'était pas réglé. en effet, j'avais fait en décembre une demande électronique pour obtenir mon visa pour le Rwanda mas je n'avais toujours pas eu de réponse alors qu'elle prend habituellement moins de 3 jours a obtenir. Prévoyant de partir le lendemain pour le Rwanda, il était urgent de réitérer ladite demande. Car sans ce précieux sésame, point de Rwanda ni de gorilles...

Il me restait a écrire l'ascension finale. Ce matin la, le vent soufflait fort sur le lac. Les averses se succédaient a un rythme infernal. L'humidité ambiante me rappelait ces journées ou, lorsque le vent soufflait de la Méditerrannée, je prenais mon scooter et allais m'assoir sur le «mole», cette grande digue qui protege le port de Sete, en me laissant envahir par les embruns. Ceux du lac Victoria sont moins salés! Il n'en demeurre pas moins que j'avais la chair de poule et que cela était tout en lien avec la desciption de notre arrivée sur le toit de l'Afrique alors qu'il faisait -15. En milieu d'apres-midi, apres un rush d'écriture de plusieurs heures, le vent avait faibli et le soleil était revenu. Ma narration finie, il était temps de me mettre a nouveau en mode exploration.

Je suis parti sans destination précise. Je savais vaguement qu'un marché devait se trouver dans un quartier de la ville. J'ai donc marché dans cette direction. Je me suis retrouvé prenant des photos de jeunes jouant au foot sur un immense terrain... vaguement vague. En me voyant, certains m'ont invité a me joindre a eux. Bonne discussion, de tout et de rien, avec des jeunes étonnés de voir un «muzungu» dans les parages. En partant, je leur ai demandé ou était le marché. «Prends la ruelle a gauche et c'est juste en arriere». La pluie avait transformé la ruelle en marre aux canards. Les gens faisaient de l'équilibrisme sur de petites roches pour ne pas tomber dans l'eau croupie et peu invitante. J'en ai fait autant et me suis finalement retrouvé dans un marché informel. Par terre, sur la boue, les gens avaient étallé de part et d'autre de la rue en terre des morceaux de plastique sur lesquels ils vendaient une production maison de tomates, d'oignons ou d'oeufs. A droite des étals de poisson. A gauche un vendeur de sacs d'épicerie a l'effigie de Barrack Obama. Tout le monde était souriant et ma présence, bien que semblant étonner, parassait bienvenue. Les sourires fusaient. Les mains s'agitaient en guise de bonjour. Lorsque la situation le permettait, et en faisant attention de ne pas froisser les gens, je prenais quelques photos ou quelques séquences vidéo.

Alors que je filmais une rue et les motos qui passaient, j'entendis quelqu'un qui m'appelait en arriere. Habituellement, je ne releve pas et bien souvent, les appels cessent. Cela est pour moi un moyen d'éviter de m'embarquer bien souvent dans des conversations sans fin. Mais la, les appels étaient insistants. en me retournant, un homme me demandait de venir le voir. Je me suis approché et une clorure en fil de fer nous séparait. Il me demanda de traverser. Toujours vigilant, je lui dit que je l'entendais tres bien de la ou j'étais. Apres m'avoir dit que j'étais en sécurité (!) et que je pouvais approcher, et devant ma réticence a aquiescer, il me dit que c'était la un poste de police et qu'il me fallait m'y présenter. On avai quelques questions a me poser. En effet, sur le haut de la barraque en arriere de lui était inscrit «poste de police de quartier». A ce moment la, votre cerveau fonctionne a 200%. Traverser ou pas. Finalement, l'endroit étant tres passant (donc potentiellement plus sécuritaire), je me suis rendu a l'entrée de la barraque. Un autre homme m'invita a entrer et a m'assoir dans un bureau. Je me doutais bien de quoi il en retournait mais il était dans mon jeu de les laisser aller. On me posa alors quelques questions d'usage: depuis quand étais-je en Tanzanie, dans quel but, quelle était ma profession, pourquoi est-ce que je prenais des photos, etc. Le grand costaud me demanda de voir mon appareil photo. Je m'exécutais en lui montrant les derniers clichés. La rue. Une scene marché. Un sac «Barrack Obama». Les jeunes qui jouaient au football. On m'expliqua alors qu'il était interdit de prendre des photos a proximité d'un poste de police. «Désolé messieurs mais je n'avais aucune idée qu'il s'agissait d'un poste de police, et si j'avais su, je ne me serais bien évidemment pas permis». A ce moment la, les 2 se regarderent et le grand me parla en swahili tout en faisant un signe d'argent. Je feint de ne pas comprendre. Il réitéra sa demande d'argent. Alors, tout en me levant avec un grand sourire, je lui ai répondu que bien malheureusement pour lui, je ne payais jamais d'argent, que j'étais désolé pour le malentendu et que la situation ne se reproduirait plus. Il sembla décontenancé par ma réponse et s'empressa de me dire «pas de probleme, de toute façon, vous etes en sécurité ici». J'espere bien mon ami! Puis il me raccompagna a la porte en me réitérant que j'étais le bienvenu et qu'il n'y avait aucun probleme. Et je me suis en allé comme j'étais venu...
 
Par la suite, je me suis dirigé vers le marché ou régnait une ambiance lourde et électrique. Le temps certainement: le ciel était a l'orage. J'ai fait quelques photos puis je suis allé réserver mon bus pour le lendemain matin pour Benako. Je navais pas encore mon autorisation de visa pour le Rwanda, mais ce n'était qu'une question d'heures et au moins, je serais proche de la frontiere lorsque celle-ci serait effective.


Le soir, apres une derniere biere sur la terrasse de l'hotel Tilapia, je suis retourné manger des bochettes dans la rue proche de mon hotel. Les jeunes étaient bien curieux de me voir assis avec eux, entassé sur le petit banc de bois dans la ruelle sombre a manger ces morceaux de viande grillée et cette omelette aux pommes de terre cuite sur le brasero au charbon de bois. Petite séance photo obligatoire. Meme le gardien Maasai (les Maasai, connus pour leur qualité de guerriers et donc pour leur excellence dans le combat, sont privilégiés dans les emplois liés a la sécurité) eu le droit de prendre une photo de ses amis. Tout un moment!

Puis l'heure du dodo était arrivée. Il me fallait etre a 5h15 au départ de l'autobus. Autant dire que le réveil serait matinal!

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